La Flotte, au coeur des vieilles pierres de l'Île de Ré
Rédigé le : 30 Juillet 2019 Par : Melchior Burin des Roziers
Connaissez-vous La Flotte, petit village de l’Île-de-Ré ? Il y a de grandes chances que non… Mais si on vous dit George Washington, Elisabeth II, Tom Cruise et Elvis Presley, vous répondrez à coup sûr qu’il s’agit du premier président des Etats-Unis, de l’actuelle reine d’Angleterre, de la star hollywoodienne et du king of rock. Eh bien tous partagent un point commun : Nicolas Martiau, leur ancêtre, natif du village de la Flotte en 1592. Maintenant que nous avons toute votre attention, nous allons vous parler des vieilles pierres de la Flotte-en-Ré, car l’Île de Ré n’est pas qu’une destination de vacanciers avides de plages, c’est aussi une terre d’histoire !
L’Abbaye Notre-Dame-de-Ré, dite des Châteliers est une ancienne abbaye cistercienne proche de La Flotte. Aujourd’hui il n’en reste que des ruines mais ce lieu, classé parmi les monuments historiques, vaut le détour. Vous pouvez vous promener dans le cloître et son petit jardin, circuler entre les vieux murs, sous les croisées d’ogives et effectuer un voyage dans le temps au fil d’une histoire mouvementée. Il faut remonter aux années 1150 pour s’imaginer la vie de recueillement des premiers moines cisterciens accompagnés de leur abbé. Le calme avant la tempête...
Les bâtiments connaîtront les ravages des guerres et ce dès 1294, année où la flotte anglaise saccage et détruit une première fois l’abbaye avant de recommencer en 1388 et 1462 au cours de la Guerre de Cent Ans. En 1574, ce sera au tour des Huguenots de s’acharner sur ces murs à l’occasion des Guerres de Religion.
1625 : Le monastère et ses vieilles pierres serviront plus tard à l’édification d’un autre grand ouvrage des environs : le Fort de la Prée qui fait l’objet d'une présentation dans le prochain paragraphe. Le reste des ruines de l'abbaye est alors confié aux Oratoriens qui transforment le choeur de la vieille abbatiale en chapelle. Il la dédient à Saint Laurent et ce statut durera jusqu’en 1793. L’abbaye ruinée années après années ne sera bientôt plus qu’un point de repère pour les bateaux avant une tardive restauration en 1997 qui permet de la rendre un peu plus présentable et de préserver ce qui reste à préserver de ces vestiges gothiques.
Aujourd'hui, ces ruines inspirent même les plus romantiques d'entre nous, comme vous pouvez le constater sur cette photo en vue aérienne de jeunes mariés.
Le Fort de la Prée
Tout près de là, entre La Flotte et Rivedoux-Plage, le Fort de la Prée se tient face à la mer. Il s’agit d’une place forte construite en 1626 ayant la forme d’une étoile à quatre bastions reliés par des courtines en demi-cercle et doublée par une enceinte extérieure et un chemin couvert.
En octobre 1627, alors que les Anglais occupent l’île sous les ordres du duc de Buckingham, les troupes royales de France débarquent au fort de la Prée, de nuit. Ils prennent à revers leurs 8000 ennemis qui subissent une lourde défaite. C’est le début de l’histoire de ce fort qui sera par la suite modifié par Vauban. Au cours de la Seconde Guerre Mondiale, les Allemands s’en serviront en tant que batterie “Berta” pour surveiller la rade de la Rochelle, y intégrant un blockhaus d’observation et un blockhaus de télécommunications. Après la guerre, le fort sera transformé en centre de vacances pour enfants. Aujourd’hui, l’endroit se visite d’avril à fin septembre ainsi que durant les vacances de la Toussaint. Le site propose des animations. De plus, ce monument historique est ouvert aux privatisations pour divers événements et festivités.
Cette église du centre-ville de La Flotte, date du XVème siècle dans ses parties les plus anciennes. Son portail sud et ses vitraux sont inscrits aux monuments historiques. Cet édifice religieux a lui aussi été victime des conflits entre protestants et catholiques au XVIIème siècle. Pendant la Révolution, l’église est pillée et devient ensuite le “Temple de la Raison” (comme de nombreuses églises de France), avec l’idée de contrer le christianisme en prônant le culte de “l’Etre suprême” de Robespierre. Au passage, le village n’est pas épargné par la Terreur (comme partout en France) et le député de la Convention Gustave Dechézeaux, natif de la Flotte, est injustement guillotiné après avoir été accusé de traîtrise envers la République. Le début du XIXème siècle marque le retour du culte chrétien au sein de l’église Sainte Catherine et le bâtiment sera embelli dans les années suivantes grâce au travail d’artistes locaux. Si vous passez par la Flotte, profitez-en pour y jeter un petit coup d’oeil !